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Revaloriser des sous-produits du bois pour protéger les plans d’eau du Québec

En cette Journée internationale des femmes et des filles de science, découvrez les travaux de recherche innovants de la doctorante en génie des eaux Soureyatou Hamidou qui développe une technologie organique pour capter le phosphore dans les eaux usées.

Le génie des eaux pour lutter contre les disparités hydriques
Originaire du Cameroun, Soureyatou a pu observer les problèmes reliés à l’eau depuis sa ville où la sécheresse entraînait un accès limité à l’eau potable. En plus de devoir aller la chercher aux puits pour les ménages ne disposant pas de robinet d’eau - une tâche assurée principalement par les femmes et les filles –, la population était exposée à des risques sanitaires et des maladies comme la malaria. Face à ces enjeux, Soureyatou a rapidement eu le désir d’être un vecteur de changement.

Elle s’est donc lancée à 16 ans dans des études d'ingénieur au Maroc à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II qui jumelaient le génie civil et l’hydraulique appliquée en agronomie. Au final, les nombreux stages sur le terrain qu’elle a réalisés l’ont motivé à poursuivre ses études à la maîtrise en génie des eaux à l’international. C’est ici au Département de génie civil et de génie des eaux, sous la supervision du professeur Paul Lessard, qu’elle a débuté son parcours d’étudiante-chercheuse qu’elle poursuit aujourd’hui au doctorat.

Capter le phosphore et l’azote avec le bois 
Au Québec, l’excès de phosphore et de l'azote dans les eaux usées est un frein majeur à la santé environnementale de nos plans d’eau. En trop grandes concentrations, ces nutriments suralimentent les plantes aquatiques qui, quand elles se décomposent, réduisent l’oxygène disponible pour les espèces aquatiques. Ce problème cause une perte de biodiversité importante en plus de la prolifération des algues bleues et vertes. 

Son projet de recherche, mené chez Investissement Québec, vise à éliminer le phosphore et les nitrates pour protéger les étendues d’eau. Pour ce faire, des résidus de bois provenant des scieries sont reconditionnés et transformés en médias actifs. Ils sont ensuite utilisés pour faire une biofiltration captant le phosphore et les nitrates contenus dans les eaux usées du secteur municipal et industriel. En plus de pouvoir rejeter une eau épurée dans les plans d’eau, ses travaux de recherche s’inscrivent dans une optique d’économie circulaire, car les sous-produits du bois sont revalorisés et le phosphore récupéré pourrait être réutilisé comme fertilisant agricole. 

Après une phase d’expérimentation réussie, Soureyatou rédige présentement sa thèse dont les résultats sont concluants. La nouvelle méthode d'imprégnation du bois qu’elle a conçue permet en effet d’augmenter la capacité d’adsorption du phosphore de 4 à 5 fois par rapport aux travaux antérieurs. 

Projet de Soureyatou Hamidou qui revalorise des sous-produits de bois pour protéger les plans d’eau du Québec

Des planches de bois provenant des scieries sont transformés en sous-produits de bois. Ceux-ci sont ensuite valorisés pour capter le phosphore et les nitrates dans les eaux usées en contexte de biofiltration.

Projet de Soureyatou Hamidou qui revalorise des sous-produits de bois pour protéger les plans d’eau du Québec

Biofiltres de déphosphatation et dénitrification.

Quand elle pense à son avenir après son doctorat, Soureyatou garde ses options ouvertes - que ce soit au Québec, dans le nord du Canada où il y a des défis d’approvisionnement en eau ou encore au Cameroun - tant que ce qu’elle fait ait un impact sur le monde. « La recherche, c’est international. [Le génie des eaux] est un domaine qui n'a pas de barrières géographiques », souligne-t-elle.

S’impliquer pour apprendre
Prix de la relève Eau - André Perrault du Centre d'interprétation de l'eau 2024, prix Universitaire du Mérite - prix coup de cœur FOIQ 2024, bourse verte CRIQ-FRQNT… La liste des bourses et prix que Soureyatou a obtenus est longue! Elle a rapidement compris l’importance de saisir les opportunités en soumettant sa candidature et en participant à des conférences pour faire rayonner sa recherche. Et comme d’autres femmes inspirantes de la Faculté l’ont mentionné par le passé, dont la professeure Audrey Durand, il est essentiel de croire en ses capacités et de se lancer, surtout dans milieux comme l’ingénierie qui demeure à prédominance masculine.

En plus de recevoir l’appui de l’industrie, elle se fait un devoir de redonner à la communauté. Elle est présidente de l’Association des étudiants gradués en génie civil et des eaux et occupe le poste de vice-présidente projet d’ingénierie de la section Université Laval d’Ingénieurs Sans Frontières Canada. L'étudiante-chercheuse organise actuellement leur toute première conférence sous le thème « Les infrastructures nordiques et les défis liés à l’eau au Nord » qui aura lieu en avril. Elle s’est aussi engagée à titre de marraine dans l'Association Femmes du SAHEL au Cameroun, à travers un programme de parrainage des filles pour qu'elles aient accès à l'éducation. De plus, elle souhaite éventuellement organiser des ateliers dans les écoles secondaires par le biais de l’Association des femmes en sciences et génie qu’elle a créée. Le but serait de démontrer aux jeunes filles qu’elles peuvent et sont capables de faire des métiers en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques.

Soureyatou Hamidou

Prix de la relève Eau - André Perrault 2024 du Centre d’interprétation de l’Eau

Soureyatou Hamidou

Bénévolat au Congrès mondial sur l’eau de l'International Water Assocation

Des modèles d’excellence scientifique 
Bien qu’elle ait grandi dans un milieu où bon nombre de femmes ne poursuivent pas aux études supérieures, Soureyatou se compte chanceuse d’avoir évolué dans une famille où l’éducation est valorisée, peu importe le sexe. Plusieurs jeunes professeures de son département l’inspirent comme Elena Torfs et Stéphanie Guilherme ainsi que Céline Vaneeckhaute du Département de génie chimique qui lui a enseigné un cours à la maîtrise. « Quand je les vois, j'ai juste envie de me dépasser. On est capable de trouver en elles nos modèles et de voir qu’elles sont en train de façonner la société en prenant des postes de leadership », précise-t-elle.

 

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