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Vers une approche transdisciplinaire à la recherche et à la gestion des ressources marines nordiques

Marianne Falardeau étudie, en tant que chercheuse postdoctorale, l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes marins et les ressources halieutiques de l’Arctique, puis les implications de ces changements pour les communautés autochtones nordiques. Ses travaux de recherche lui ont d’ailleurs récemment valu l’une des deux bourses d'excellence en recherche L'Oréal-UNESCO 2023 pour les Femmes en Sciences de 20 000$ remises à de jeunes chercheuses postdoctorales.

Des travaux de recherche nordiques 
C’est vers l’âge de 6 ans, lorsqu’elle a visionné un documentaire sur les travaux de Jane Goodall, que Marianne a su qu’elle allait se diriger vers un parcours en sciences. Il s’agissait de la première fois qu’elle voyait une femme scientifique, aventurière, une femme qu’elle qualifie encore aujourd’hui d’idole. 

Elle sut quel était son objectif : réaliser des études en biologie. Elle compléta un baccalauréat en biologie pendant lequel elle travaillait aussi comme assistante de recherche dans le laboratoire du professeur Louis Fortier. Elle réalisa ensuite une maîtrise sous sa supervision ainsi que celle du professeur Dominique Robert (maintenant à l’ISMER-UQAR). Elle y a mené un projet s’attardant à la montée vers le Nord d’une espèce de poisson tempérée et les implications de cette invasion pour l’écosystème arctique. « C’est une région qui est peu étudiée et où le rythme des changements climatiques est le plus rapide », mentionne Marianne en parlant des motifs qui l’ont amenée à prendre une tangente vers le Nord, qu’elle a poursuivie au doctorat en sciences des ressources naturelles à l’Université McGill. Dans son doctorat, complété sous la supervision de la professeure Elena Bennett, Marianne a pris une approche transdisciplinaire – amenant ensemble différentes disciplines et types de savoirs – pour étudier l’Arctique en mutation.

Aujourd’hui chercheuse postdoctorale, elle travaille avec la professeure Mélanie Lemire (Médecine sociale et préventive, Chaire de recherche Littoral) et le professeur Jean-Sébastien Moore du Département de biologie pour mettre en lien les changements environnementaux, les pêcheries d’omble chevalier, la sécurité alimentaire et la santé humaine. « Un des gros moteurs de ma formation a été de travailler à mieux comprendre comment les écosystèmes sont affectés par les activités humaines pour mieux [les] protéger et gérer dans une perspective de durabilité et résilience », explique-t-elle.

Consciente de l’interdépendance entre les humains et la santé des écosystèmes, Marianne vise à mieux comprendre l’impact des changements climatiques sur l’omble chevalier, une espèce cruciale pour la sécurité alimentaire et la santé des communautés Inuit. Ses travaux pourront soutenir la gestion durable des pêches ainsi que les stratégies d’adaptation au changement climatique.

Prôner la diversité en sciences
Par le biais de ses travaux dans le Nord, Marianne a eu la chance de travailler avec des communautés autochtones. « Elles ont des connaissances millénaires sur ces régions, puis il y a la science occidentale de l’autre côté. Je voulais créer des ponts entre les différents types de savoir. Vu la complexité des changements en cours en Arctique, il faut qu’on diversifie nos manières de comprendre ces changements », souligne-t-elle. À travers les années, elle a contribué à plusieurs initiatives visant améliorer les collaborations entre les scientifiques et les communautés autochtones du Nord, comme la cocréation des Ateliers Autochtones Interculturels.

Dr Falardeau accorde une place centrale aux savoirs autochtones et elle soutient et défend également la diversité, l’équité et l’inclusion en sciences pour toutes les minorités, dont les femmes font partie en sciences nordiques. Le concept du « leaky pipeline », soit le principe que le nombre de femmes en sciences diminue considérablement plus les échelons augmentent, a d’ailleurs fait l’objet d’un atelier qu’elle a organisé dans le cadre d’une Gordon Research Conference en science polaire marine. Plusieurs défis inhérents aux recherches nordiques peuvent nuire à l’inclusion dans ce domaine, comme le fait d’être une femme dans des sites de terrain très reculés. Pour y pallier, elle a contribué à la rédaction du code de conduite pour la recherche arctique d’ArcticNet signé par plusieurs organisations scientifiques nordiques. 

Félicitations Marianne!
Voir la vidéo réalisée par For Women in Science