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L’empreinte des femmes de sciences à la FSG ULaval

Pour souligner la Journée internationale des femmes ainsi que le 100e anniversaire du Département de chimie, la Faculté tient à souligner le parcours inspirant de trois chimistes devenues des modèles pour la relève scientifique.  

Souvenons-nous que les femmes n’ont pas toujours été majoritaires dans les universités québécoises. Avant les années 1920, l’université est essentiellement une affaire d’hommes. Ce n’est qu’en 1929 que les femmes peuvent officiellement s’inscrire à l’Université Laval et il faut attendre jusqu’en 1944 pour accueillir les deux premières étudiantes de la Faculté des sciences et de génie. Mary Lamontagne et Charlotte Faessler, toutes deux inscrites au baccalauréat en chimie, ont fait preuve de beaucoup de courage et d’entêtement pour suivre leur passion. Elles ont tracé la voie à d’autres femmes qui ont tranquillement fait leur entrée dans ce cercle bien gardé.

Aimer beaucoup, passionnément son métier !

 « Raconter en quelques phrases le parcours exceptionnel de Perséphone Canonne, première femme professeure en chimie au Canada et chercheuse de renommée internationale, est ingrat, car il y a tant à dire », mentionne Alexandre Paulien, diplômé en chimie. Née en Grèce et éduquée en France, c’est pourtant au Québec qu’elle a accompli la plus grande partie de sa carrière. On l'avait destinée à la médecine, mais son amour pour la chimie, vie de molécules que l'on assemble, que l'on tente de comprendre et qui composent tout ce qui nous entoure, était plus fort. On peut remarquer qu'au tournant du 100e anniversaire du Département de chimie de l'Université Laval, les femmes octogénaires ne sont pas légion. En fait, être une femme en sciences relevait du défi, sans sa détermination, forgée au cours de sa jeunesse loin des rivages de sa Grèce natale, et sa passion pour la chimie, elle n’aurait jamais autant contribué à l’avancement de la chimie.

En plus des demandes de subventions qu’elle devait dûment remplir, elle enseignait le cours d'Introduction à la chimie organique devant un amphithéâtre rempli de futurs chimistes, biochimistes, ingénieurs chimistes, agronomes, diététistes, etc. C'est avec succès qu'à la fin du mois d'avril 1964, l'Université confirmait sa position de professeure, ainsi que l'obtention de subventions de recherche. C'est donc loin de ses repères que cette jeune professeure pleine d'assurance et d'énergie développa, avec ses premiers équipements et avec l’aide de ses étudiants, son programme de recherche. 

Malgré quelques appréhensions parmi le corps professoral masculin et quelques situations délicates attribuables à sa double minorité de femme étrangère, elle a su développer des liens cordiaux avec ses collègues de la Faculté et à profiter d’une vie sociale fort agréable.  Avec le temps, toutes ces petites frustrations s’estompaient dans une tâche de travail sans répit dont la plus grande joie provenait des jeunes recrues, bourses en poche, qui la rejoignaient pour effectuer leurs études supérieures dans son laboratoire.

Étudier pour le plaisir, non pas par obligation

Anna Ritcey, première femme à la direction du Département de chimie de l’Université Laval, affirme qu’elle ne serait peut-être pas devenue professeure de chimie si elle avait été un homme! Les études ayant toujours été très valorisées par ses parents, elle a choisi de faire un baccalauréat en sciences par pur plaisir et non par obligation de choisir une carrière. « À la différence des autres étudiants de ma classe, je me sentais libre de faire des choix en fonction de mes passions plutôt que par devoir de nourrir ma future famille », relate Mme Ritcey.    

La professeure se rappelle l’influence marquée de sa grand-mère institutrice. Avant-gardiste, elle valorisait le progrès scientifique, le transfert de connaissances, l’ouverture d’esprit et la curiosité. Des valeurs qu’Anna Ritcey a toujours prônées elle aussi. Originaire de la Nouvelle- Écosse, elle déménage au Québec pour débuter ses études doctorales. C’est à la fin de son doctorat qu’émerge son désir de transmettre sa passion et ses connaissances aux jeunes animés par les sciences. L’excellence de son dossier universitaire lui permet de décrocher une bourse du programme CRSNG qui favorise l’embauche de nouvelles professeures dans les domaines scientifiques. Parmi les 10 bourses offertes au pays, 2 d’entre elles sont remises à de jeunes chercheures en chimie de l’Université Laval. C’est grâce à ce concours qu’Anna Ritcey et la professeure feu Michèle Auger entament leur carrière professorale au Département de chimie.

Les travaux de recherche d’Anna Ritcey, orientés sur les propriétés des nanomatériaux, ont été récompensés par plusieurs prix et distinctions. Outre ses talents de chercheuse, elle se distingue par son talent naturel de pédagogue. Honorée Professeure étoile par la Faculté des sciences et de génie à 5 reprises et Enseignante la plus appréciée des étudiants en chimie 6 fois, la professeure a toujours eu énormément de plaisir à enseigner et n’a jamais regretté son choix de carrière. Aujourd’hui à la direction du Département, elle souhaite poursuivre la mission de son équipe, c’est-à-dire rendre les domaines scientifiques plus inclusifs et égalitaires. Le Département s’investit aussi depuis maintenant 100 ans dans la promotion des sciences auprès du grand public en organisant diverses activités de vulgarisation.

Fascinée par les détectives de CSI, Laurie Bédard devient toxicologue judiciaire

Qu’est-ce qu’un toxicologue judiciaire?  Laurie Bédard, diplômée d’une maitrise en chimie, effectue une panoplie d’analyses visant à déterminer, en grande majorité, la présence et/ou le niveau de drogues, d’alcool ou de médicaments dans le corps humain. Le toxicologue peut effectuer des tests sur un certain nombre de fluides corporels tels que le sang, l’urine ou les tissus. Il existe plusieurs types d’enquêtes qui nécessitent l’expertise de toxicologues, comme la conduite avec les facultés affaiblies, les agressions sexuelles ou les homicides. Les toxicologues sont aussi appelés à témoigner devant la cour pour expliquer les résultats de ses analyses.

Ce métier captivant, elle l’avait choisi dès son secondaire. Suite à une rencontre avec la conseillère en orientation, son projet de vie était fixé. Pour devenir détective de substances toxiques, elle devait étudier la chimie analytique. Ses bons résultats scolaires et son esprit scientifique lui ont permis de réaliser des stages de recherche avec le professeur Normand Voyer et de compléter une maitrise de recherche avec la professeure Michèle Auger. Ces deux chercheurs aguerris ont été des modèles pour l’étudiante qui a développé un fort sentiment d’appartenance à son alma mater.  « Les professeurs ont à cœur la réussite de leurs étudiants et ce qui m’a profondément marqué, c’est l’entraide qui existe au sein du Département. Cette initiation au travail d’équipe m’a été fort utile pour ma profession actuelle, car mon rôle m’amène à collaborer avec des équipes multidisciplinaires. » 

Outre l’enseignement qu’elle a reçu à l’Université Laval, Laurie a pu développer ses compétences de vulgarisatrice scientifique en animant plusieurs ateliers d’Attraction chimique dans les écoles et à Expo-sciences. Elle accorde beaucoup d’importance à la sensibilisation des jeunes, plus particulièrement des filles, aux nombreuses applications des sciences ainsi qu’aux différents modèles de carrières en chimie. « Les jeunes veulent devenir dentistes, pharmaciens, ou médecins, car ces professions sont bien définies dans leur tête. Une grande partie de la population a encore l’image du scientifique seul dans son laboratoire en train de mélanger des liquides colorés alors qu’en réalité, la chimie ouvre la porte à une multitude de carrières passionnantes sur le terrain », confie la toxicologue.    

Tous les chimistes s’entendent pour dire que deux éléments sont essentiels pour réussir dans le domaine : la passion et la curiosité. La science évolue à vitesse grand V, alors il faut être à l’affût des percées scientifiques et technologiques. Congrès et revues spécialisées font partie de la formule pour maintenir à jour ses connaissances. On apprend sans arrêt et c’est ce qui rend le domaine aussi stimulant!