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Intensification des courants atlantiques: quand les espèces du Sud s’invitent dans l’océan Arctique

Alors que l’on attribuait l’invasion de l’océan Arctique par des microorganismes tempérées à l’augmentation de la température, une étude démontre que l’augmentation à grande échelle des courants marins serait plutôt la cause de cette «atlantification».

C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les chercheurs de l’Unité Mixte Internationale Takuvik (un regroupement associant des chercheurs de l’Université Laval et du Centre national de la recherche scientifique, CNRS - France) dans une étude publiée dans le journal Nature Communications. En effet, ils ont été en mesure de démontrer que l’augmentation des courants atlantiques explique la propagation d’espèces planctoniques (micro-algues) tempérées vers l’Arctique.

Laurent Oziel, un chercheur post-doctoral membre de l’UMI Takuvik, explique que l’équipe s’est intéressée à une espèce phytoplanctonique nommée Emiliania Huxleyi afin de démontrer ce phénomène: «[… ] Généralement associée aux eaux tempérées comme celles de l’Atlantique Nord, cette algue microscopique s’est récemment illustrée par le fait qu’elle se propage de plus en plus en direction du pôle Nord.» Cette espèce a notamment été choisie parce qu’elle est observable depuis l’espace par satellite. En effet,  lors de sa floraison estivale, elle reflète tellement la lumière qu’elle colore la surface de l’océan en turquoise sur de très grandes étendues.

Alors que ce mouvement de phytoplancton vers les régions polaires fut longtemps attribué à une augmentation locale de la température, il est maintenant limpide pour les chercheurs qu’il est davantage causé par l’augmentation des courants atlantiques.

Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont examiné la dispersion d’Emiliania Huxleyi entre les océans Atlantique et Arctique en combinant des observations satellites d’altimétrie et de couleur de l’océan.

Grâce à l’altimétrie spatiale, les variations topographiques de la surface de l’océan ont pu être mesurées avec une précision millimétrique renseignant sur l’intensité des courants. Quant aux  floraisons estivales du phytoplancton, elles ont pu être localisées et étudiées à l’aide d’observations satellites de la couleur de l’océan.

Pour en savoir plus sur cette étude, vous pouvez lire l’article dans Nature Communications.

Représentation artistique du coccolithophoridé Emiliania Huxleyi réalisée à partir d’une image issue de microscopie électronique à balayage (MEB). Illustration: Laure Vilgrain