Aller au contenu principal

Charles Darwin, l’observateur passionné

La théorie de l'évolution est à la base de notre compréhension moderne des êtres vivants. L'auteur de cette révolution scientifique, Charles Darwin, ne se destinait pourtant pas à laisser une empreinte aussi profonde et durable sur la science. C'est sa rigueur et son adoration de la nature qui auront fait la différence.

C'est l'histoire de Charles Darwin, un amoureux de la nature, un homme rigoureux, un observateur passionné.
 

Le naturaliste né

Charles Darwin naît le 12 février 1809 dans une riche famille anglaise de l'ouest de l'Angleterre. S'il est plutôt indifférent à l'école - «en tant que moyen d'éducation, l'école fut pour moi une simple parenthèse», dira-t-il d'ailleurs -, le jeune Darwin se passionne rapidement pour l'observation de la nature. Dès l'âge de 8 ans, il collectionne plantes, coquilles et insectes, et s'étonne que tout «gentleman» ne soit pas intéressé par l'ornithologie.

Cette passion se transposera également à la chasse, passe-temps qu'il chérira tout au long de sa vie.

L'étudiant insatisfait

À 16 ans, Darwin suit les traces de son père (et de son grand-père), lui-même médecin, et entame des études de médecine à l'Université d'Édimbourg. Malgré une bonne volonté et d'excellentes aptitudes, il est rapidement désintéressé par la matière - en raison notamment de son dégoût pour l'anatomie - et consacre plutôt son temps à la chimie et à la taxidermie. Son père perçoit le tout comme une perte de temps, et se fait de plus en plus sévère avec son fils.

Contrairement à ce que les apparences laissent supposer, Darwin ne souhaite pas défier l'autorité parentale. Il est simplement viscéralement attiré par la géologie et par la zoologie. Et pendant toutes ces années où Darwin cherche sa vocation, il passe le plus clair de son temps à minutieusement observer la nature. Ce qu'il ignore à ce moment, c'est que là même est son avenir.

Autour du monde

En août 1831, son ami géologue et ancien professeur John Stevens Henslow lui propose de prendre part à une expédition autour du monde à bord du Beagle (la deuxième pour le navire) et ce, en tant que naturaliste. Le but premier du voyage étant d'effectuer la cartographie de l'Amérique du Sud. Darwin est alors âgé de 22 ans.

Le légendaire tour du monde, qui devait d'abord durer trois ans, s'échelonnera finalement sur quatre ans, neuf mois et cinq jours. Le Beagle traversera d'abord l'Atlantique jusqu'au Brésil, avant de contourner l'Amérique du Sud par la Terre de Feu. S'ensuivra un passage dans l'archipel des Galápagos, puis la traversée du Pacifique jusqu'en Australie. Le retour en Angleterre se fera en contournant le continent africain par le cap de Bonne-Espérance.

En à peine un mois sur l'eau - et malgré un mal de mer récurrent dont il ne se débarrassera jamais -, Darwin est déjà émerveillé. À son arrivée sur les côtes du Brésil, en février 1832, il note dans son journal : «C'est pour moi une chose agréable et nouvelle de prendre conscience qu'étudier la nature, c'est faire mon devoir.» Sa vocation est née.

En presque cinq ans d'expédition, il récoltera 4 000 échantillons géologiques, 2 000 spécimens d'oiseaux, 900 pages d'herbier, 500 espèces de poissons, 1 500 spécimens de reptiles et d'amphibiens, des centaines de mammifères... Une récolte bien au-delà des espérances, et sur laquelle il se basera pour élaborer sa théorie de l'évolution. En 1839, Darwin publie son célèbre The Voyage of the Beagle.

Parmi les plus surpris de l'assiduité dont fait preuve Darwin au cours du voyage, son père, qui lui offrira en guise de récompense une rente annuelle de 400 livres afin que son fils puisse travailler sans soucis matériels.

Darwin a désormais le luxe du temps et il réfléchit à la possibilité que les espèces vivantes changent selon les conditions dans lesquelles elles se trouvent.

Une idée révolutionnaire

Dès 1844, Darwin écrit: «Je suis presque convaincu (contrairement à l'opinion que j'avais au début) que les espèces ne sont pas immuables». L'idée n'est pas entièrement nouvelle, car des naturalistes comme Buffon et Lamarck ont déjà évoqué la possibilité que la vie sur Terre puisse se transformer. Au fil des années, Darwin raffinera cette intuition grâce à de judicieuses observations.

Pendant son voyage sur le Beagle, Darwin avait observé la faune et la flore, mais aussi les fossiles d'une région, et il s'étonnait de la ressemblance entre les formes de vie passées et présentes d'un même lieu. Il propose que ces espèces éteintes sont les ancêtres des espèces contemporaines. Darwin conçoit également que la Terre est vraiment très vieille. Il calcule l'âge des falaises à partir des taux de sédimentation observables, et il arrive à la conclusion inédite que l'âge de la Terre doit se compter en milliards d'années. Ainsi les espèces ont eu bien du temps pour changer!

Toutefois, son véritable coup de génie est d'imaginer un mécanisme pour l'évolution des espèces : la sélection naturelle. Il constate d'abord que la variation est omniprésente au sein des espèces, et qu'en nature, les ressources ne permettent pas la survie de tous les rejetons. Il imagine donc que certaines caractéristiques seront plus favorables à la survie dans certains environnements. Différents individus sont naturellement sélectionnés, ils survivront mieux et forment une descendance modifiée.

Darwin ancre alors ce mécanisme de l'évolution par sélection naturelle dans la réalité historique des espèces. Si des populations d'une même espèce évoluent dans des environnements différents, elles peuvent devenir des espèces différentes, adaptées à chaque milieu. Il conclut que les espèces ne sont pas créées indépendamment : elles ont plutôt évolué à partir d'ancêtres communs. En 1859, Darwin est prêt à publier son œuvre majeure: L'origine des espèces.

Grâce à son sens aiguisé de l'observation et à sa grande capacité de réflexion, Darwin est devenu un incontournable monument de la science. Cela fait de lui le personnage idéal pour représenter l'aire commune des nouveaux laboratoires, à la fine pointe de la technologie, du Département de biologie dans le projet de construction d'envergure de l'Aile 600, secteur nord du pavillon Alexandre-Vachon. Inauguré à l'automne 2018, cet important chantier vise à améliorer le milieu d'études et de travail des étudiants, des professeurs et du personnel associé à la formation et à la recherche à la Faculté des sciences et de génie en offrant de nouveaux laboratoires d'enseignement qui feront la fierté de tous.

Références :