Les arbres de la forêt boréale sont sensibles aux changements climatiques, mais leur migration en réponse aux fluctuations de température ne se fait pas au galop. C'est ce que démontre, dans une étude publiée aujourd'hui par la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States), une équipe de recherche qui a calculé la vitesse à laquelle le pin gris et l'épinette noire ont progressé vers le nord après la dernière glaciation.
Les chercheurs ont calculé les vitesses de migration des deux espèces au cours des 17 000 dernières années en datant des macrorestes végétaux trouvés à différentes latitudes, depuis la Géorgie et la Caroline du Sud jusqu'à la limite des forêts au Nunavik. «Ces macrorestes sont des cônes, des graines, des tiges ou des aiguilles conservés dans des tourbières. Il s'agit aussi de charbons de bois (des parties d'arbres carbonisés par des feux de forêt) qui sont conservés dans les sols», précise le responsable de l'étude, Serge Payette, du Département de biologie et du Centre d'études nordiques de l'Université Laval.
Grâce à ces données, les chercheurs ont calculé que le pin gris s'était déplacé vers le nord à une vitesse de 19 kilomètres par siècle. L'épinette noire a été un peu plus rapide avec une vitesse de migration de 25 kilomètres par siècle. Ces deux espèces ont atteint leur limite de répartition nordique actuelle il y a environ 6000 ans avant aujourd'hui. «Contrairement à l'épinette noire, le pin gris a absolument besoin de feux de forêt pour que ses cônes s'ouvrent et libèrent les graines qui assurent sa propagation, rappelle le professeur Payette. Cette exigence pourrait expliquer pourquoi cette espèce a migré plus lentement.»
Pour en savoir plus, consultez l'article d'ULaval nouvelles.
17 octobre 2022