Aller au contenu principal

Albert Einstein, le génie sympathique

Einstein. Le nom est symbole d'intelligence inégalée, de génie visionnaire. Avec raison, car celui qui a été qualifié de «personne du siècle» par le magazine Time a contribué comme nul autre à la compréhension du monde dans lequel on vit.

C'est l'histoire d'Albert Einstein, un penseur rebelle, un homme solitaire, un génie sympathique.


L'univers, une fascination

L'éveil scientifique d'Albert Einstein se démarque dès l'âge de quatre ans, soit en 1884, lorsque son père lui montre une boussole. «Cette expérience fit sur moi une impression profonde et durable», mentionnera 63 ans plus tard le célèbre physicien allemand dans ses Notes autobiographiques.

Déjà à l'époque, «je commençais à m'apercevoir qu'au-delà de ce petit monde, il y a un univers gigantesque, qui existe indépendamment de nous autres, êtres humains, et qui se tient devant nous comme une grande et éternelle énigme; un univers qui est néanmoins partiellement accessible à nos observations et à notre compréhension. La contemplation de cet univers me fascina», peut-on lire dans ce même ouvrage. Cette fascination, il y consacrera sa vie.

Pur autodidacte et doté d'une extraordinaire capacité de concentration, le jeune Einstein a de la difficulté à s'intégrer au modèle éducatif traditionnel, obtenant en classe de bons résultats, qui ne sont toutefois pas à la hauteur de l'esprit qu'on lui connaît. En 1895, alors âgé de 16 ans, il est même refusé à l'École polytechnique fédérale de Zurich, en Suisse, un établissement de renommée internationale.
 

L'année miraculeuse

Ne se fiant qu'à lui-même, Albert Einstein fait son entrée en 1905 dans le monde des grands. Et il le fait de manière spectaculaire en publiant cinq articles scientifiques qui bouleverseront les notions de physique établies. Ces textes, dont quatre ont été écrits en moins de six mois, établissent les bases de la physique quantique - en proposant que la lumière puisse agir comme une onde et comme une particule - et de la thermodynamique moderne - en démontrant que la matière est constituée d'atomes. Ils mettent également de l'avant la fameuse équation E = mc2, en plus de présenter la théorie de la relativité restreinte, qui mènera plus tard à la théorie de la relativité générale.

En 1921, le prix Nobel de physique est attribué au scientifique pour ses travaux sur les quanta, sa théorie de la relativité étant jugée trop controversée à l'époque. Pour le physicien américain Philip Anderson, lauréat du prix Nobel de 1977, ces deux théories constituent «les deux plus grandes révolutions en science physique depuis Galilée et Newton». Alors qu'ironiquement, la théorie de la relativité n'est pas compatible avec la loi de la gravité de Newton.

Sept ans après son article sur la relativité restreinte, Einstein a un coup de génie en supposant que l'espace-temps est incurvé. Son hypothèse : les forces gravitationnelles décrites par Isaac Newton ne sont que l'expression de la déformation de l'espace-temps. C'est la théorie de la relativité générale, selon laquelle le temps absolu n'existe pas. Théorie dont la véracité sera confirmée expérimentalement dès 1919 lors d'une éclipse solaire totale, au début des années 60, et plus récemment encore, en 2015, et de façon spectaculaire, par la première détection directe des ondes gravitationnelles.

Malgré le caractère indéniablement révolutionnaire de ce précepte, Einstein n'a pas tout vrai. Il imagine notamment une «constante cosmologique» pour en arriver à une équation dans laquelle l'univers est statique, pour ainsi rendre sa théorie conforme à l'état des connaissances de l'époque. «C'est là l'une des grandes opportunités manquées de la physique théorique», dira plus tard le physicien britannique Stephen Hawking. Einstein lui-même considèrera la «constante cosmologique» comme étant la plus grande erreur de sa vie. Pourtant cette dernière est revenue à l'avant-scène des années plus tard puisqu'elle s'avère nécessaire pour expliquer l'expansion accélérée de l'univers.

À partir des années 30, et jusqu'à sa mort, en 1955, Einstein est obsédé par l'obtention d'une théorie d'unification. À un de ses anciens étudiants, il aurait déclaré que le but de sa recherche était d'«obtenir une formule qui rende compte d'un seul tenant de la chute de la pomme de Newton, de la propagation de la lumière et des ondes radio, des étoiles et de la composition de la matière».

Il n'y parviendra jamais.
 

Un Juif en Allemagne

Toute sa vie, Albert Einstein croit en l'existence d'un dieu, d'un être suprême. Cette indéfectible foi pourrait paraître paradoxale venant de l'un des plus grands scientifiques de tous les temps. Au contraire, pour lui, elle sert de clé, d'explication aux grands phénomènes qu'il tente d'expliquer. «Je ne crois pas dans le Dieu de la théologie qui récompense le bien et punit le mal. Mon Dieu crée des lois qui s'occupent de cela. Son univers n'est pas gouverné par des vœux pieux, mais par des lois immuables», dira-t-il d'ailleurs.

Le fait qu'il consacre sa vie à l'évolution de l'humanité, mais consacre très peu d'énergie aux êtres humains est perçu comme un autre paradoxe caractérisant le personnage. «Je me sens réellement lié à l'État, à la patrie, à mes amis, à ma famille au sens complet du terme. Mais mon cœur ressent face à ces liens un curieux sentiment d'étrangeté, d'éloignement», écrira-t-il d'ailleurs dans son essai Comment je vois le monde.

De sa naissance à sa mort, la vie personnelle d'Einstein, père de trois enfants, occupe en ce sens une place secondaire. Pas qu'il ne sache apprécier la compagnie des autres - il est d'ailleurs connu comme un séducteur -, mais «l'engagement d'Albert envers la science prend le pas sur sa vie émotionnelle», rapporte le spécialiste Robert Schulmann. Un engagement également observable sur des enjeux sociaux et politiques.

Dès l'âge de 16 ans, Albert Einstein lance un affront à la nation allemande en renonçant à sa citoyenneté allemande, vraisemblablement pour échapper au service militaire obligatoire. Il devient ainsi apatride jusqu'en 1901, moment où il obtient sa citoyenneté suisse. Près de 50 ans plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, le scientifique juif reniera à nouveau son pays d'origine, et se fera très dur à l'endroit du peuple allemand.

En 1933, il immigre avec sa famille aux États-Unis, et s'installe à Princeton, au New Jersey. Il y demeurera jusqu'à sa mort, en 1955.

Viscéralement pacifiste, Einstein sera ébranlé par le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki par les Américains, en août 1945. Car sans avoir participé à la confection desdites armes, ses recherches ont tout de même contribué à l'élaboration du procédé.

Malgré cela, c'est l'incommensurable contribution d'Einstein à la science qui perdurera. D'ailleurs, 2005 a été nommée l'année de la physique par l'UNESCO et par les Nations unies afin de commémorer les 100 ans des travaux révolutionnaires du grand penseur.

Albert Einstein est un être complexe, par sa capacité de raisonnement inégalée, mais également par la véhémence de ses revendications politiques et sociales. Ce caractère entier fait de lui le personnage idéal pour représenter l'aire commune des nouveaux laboratoires à la fine pointe de la technologie du Département de physique, de génie physique et d'optique dans le projet de construction d'envergure de l'Aile 600, secteur nord du pavillon Alexandre-Vachon. Inauguré à l'automne 2018, cet important chantier vise à améliorer le milieu d'études et de travail des étudiants, des professeurs et du personnel associé à la formation et à la recherche à la Faculté des sciences et de génie en offrant de nouveaux laboratoires d'enseignement qui feront la fierté de tous.
 

Citations :


Références :