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2,9 M$ pour contrer la surutilisation des antibiotiques en production avicole

La surutilisation d’antibiotiques en production animale et la prolifération de bactéries multirésistantes qu’entraîne cette pratique constituent un problème de santé publique majeur à l’échelle mondiale.

Sylvain Moineau, professeur au Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique et chercheur au Groupe de recherche en écologie buccale (GREB), a reçu du financement pour étudier l’efficacité des bactériophages comme alternative aux antibiotiques dans la lutte contre les salmonelles dans les élevages de volaille du Kenya.

« Les bactériophages, ou plus simplement "phages", sont des virus qui s’attaquent aux bactéries, explique le professeur Moineau. Leur champ d’action est beaucoup plus spécifique que celui des antibiotiques puisqu’ils ne détruisent que les bactéries ciblées. Les phages ont également l'avantage d’évoluer au même rythme que la bactérie qu’ils ont pour cible, ce qui réduit le risque d’apparition de résistances à long terme. »

Au cours du projet qui s’étendra sur une période de trois ans, M. Moineau et ses collaborateurs de l’Institut international de recherche sur l’élevage, au Kenya, testeront l’efficacité de phages provenant de la collection de virus bactériens de l'Université Laval – l'une des plus importantes au monde – et de phages recueillis dans des fermes kényanes. Après avoir identifié les phages les plus performants dans l’élimination de différentes souches de la bactérie Salmonella, les chercheurs mettront au point un système d’administration des phages efficace et adapté aux besoins de l’industrie avicole kenyane.

Les salmonelles sont une des principales causes d’intoxication alimentaire dans le monde. En Afrique subsaharienne, les salmonelloses touchent chaque année 3,4 millions de personnes et causent 700 000 décès. Les antibiotiques sont abondamment utilisés dans les fermes avicoles pour traiter ou prévenir ces infections, mais 75 % d’entre eux sont rejetés dans l’environnement et contribuent ainsi à l’émergence de résistances aux antimicrobiens.

Ce financement a été obtenu grâce au programme Innovative Veterinary Solutions for Antimicrobial Resistance, une initiative conjointe du Centre de recherches pour le développement international du Canada et du Département de la santé et des services sociaux du Royaume-Uni. Le projet du professeur Moineau est parmi les 11 projets internationaux sélectionnés dans le cadre de ce programme.

Pour connaître le projet de recherche du professeur Ismaïl Fliss, de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, qui a également reçu du financement dans le cadre de ce programme, nous vous invitons à lire le communiqué ou l'article «De la volaille saine pour la consommation humaine» du Fil.