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Vers un cadre national pour la récupération et la réutilisation des nutriments au Canada

La professeure en génie chimique Céline Vaneeckhaute fait partie d’un groupe d’experts canadiens, composé de représentants de ministères et de chercheurs, qui a récemment produit un rapport qui servira à l’élaboration d’un cadre national afin d’améliorer les pratiques de récupération et de réutilisation des nutriments au Canada. Ce document, intitulé Nutrient Recovery and Reuse in Canada. Foundations for a national framework et publié par l’International Institute for Sustainable Development, est le fruit d’une année de travail, et la professeure Vaneeckhaute est la seule experte du Québec ayant contribué à sa rédaction. «Nous voulions arriver à établir des objectifs concrets, car il s’agit d’un enjeu important dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et la transition vers une économie circulaire», affirme-t-elle. Le document dresse notamment un portrait de la situation actuelle et émet des recommandations pour maximiser la récupération de nutriments dans les sols et les eaux, dont le phosphore, en vue d’assurer la sécurité alimentaire au pays et d’améliorer la qualité de l’environnement.

Le phosphore est un élément nutritif très prisé par les agriculteurs puisqu’il est indispensable à la croissance des plantes. Pour l’instant, le Canada est dépendant de l’importation de phosphore commercial, dont le prix a doublé ces dernières années et dont on appréhende la rareté sur les marchés. Or, cet élément nutritif est aussi présent naturellement dans les déchets animaux et végétaux ainsi que dans les eaux usées. Une mauvaise gestion de ces déchets et des eaux usées provoque, entre autres, des problèmes d’algues bleu vert dans les eaux de surface, un phénomène appelé eutrophisation. En récupérant cet élément nutritif dans les eaux usées, les déchets alimentaires ou encore dans le fumier, ce dernier pourrait servir de substitut renouvelable aux engrais chimiques, et la qualité des sols et des eaux n’en serait que meilleure.

«Bien que plusieurs réglementations stimulent la récupération et la réutilisation des nutriments au Canada et que plusieurs technologies soient disponibles, peu de choses concrètes se font actuellement au pays», rappelle Céline Vaneeckhaute. Le travail qu’elle mène avec son équipe de recherche, BioEngine, vise précisément à mettre au point des procédés de récupération des nutriments à partir de déchets organiques et des eaux usées. Durant les nombreuses séances de travail du groupe d’experts sur Skype en vue de produire le rapport, Céline Vaneeckhaute a souligné l’importance d’implanter, à des endroits stratégiques, des bioraffineries qui traiteraient et valoriseraient des déchets organiques pour en faire des engrais de grande qualité ainsi que d’autres bioproduits. Elle et son équipe travaillent à l'élaboration d’un outil logiciel qui servira de système d’aide à la décision pour guider les utilisateurs à mettre en place des chaînes optimales de valorisation des déchets organiques à moindre coût et dont l'impact environnemental sera minimal.

Même s’il reste bien du travail à accomplir pour parvenir à améliorer les pratiques au pays, ce document trace la voie à suivre, selon la chercheuse, et constitue un pas dans la bonne direction.

Voici les liens pour consulter le rapport ou encore pour écouter les interventions des différents experts lors du Forum sur la réutilisation et la récupération des éléments nutritifs qui s’est tenu le 8 mars 2018 à Toronto.