Aller au contenu principal

Quand les parasites jouent les marionnettistes

Un premier test s’intéressant à l'effet du sécrétome d'un parasite sur le comportement de son hôte a été effectué dans cette étude visant à déterminer si les molécules sécrétées par un vers plat sont suffisantes pour modifier la témérité de son hôte poisson.

Le vers plat parasite Schistocephalus a un cycle de vie très complexe. Il éclot en eau douce, est mangé par son premier hôte, un petit crustacé, puis il passe à son hôte suivant, l’épinoche à trois épines, un petit poisson, lorsque celui-ci se nourrit du crustacé infecté. Après avoir passé des semaines à grossir, bien logé et nourri dans la cavité abdominale de son hôte poisson, le vers atteint la taille à laquelle il peut enfin se reproduire dans son hôte final. C’est à ce moment que son hôte poisson change de comportement: il devient téméraire face aux prédateurs, possiblement afin d'augmenter la probabilité du vers de se rendre à son hôte final, un oiseau prédateur de poissons, où le vers se reproduit.

Comment un vers parasite peut-il modifier le comportement de son hôte sans avoir accès à son cerveau? Cette question fait partie du projet de doctorat en biologie réalisé par Chloé Berger, lequel a été publié dans la prestigieuse revue scientifique Proceedings of the Royal Society B. Il a été effectué dans le laboratoire de Nadia Aubin-Horth, professeure titulaire au Département de biologie et membre de l'Institut de biologie intégrative et des systèmes (IBIS). La cause de ce changement de comportement avait fait l’objet de très peu de recherches jusqu’à ce jour.

L’article «Berger and Aubin-Horth. 2020. The secretome of a parasite alters its host's behaviour but does not recapitulate the behavioural response to infection», dévoile donc les résultats du premier test de l'effet du sécrétome d'un parasite dit «manipulateur» sur le comportement de son hôte. En plus de la nouveauté de tester l'effet des molécules contenues dans le sécrétome sur le comportement de réponse aux prédateurs de l'hôte, l'intérêt du projet de Chloé réside dans le fait qu'elle a trouvé des effets différents selon qu'elle exposait des poissons provenant d’une population ayant évolué avec le vers ou une population n’étant jamais en contact avec ce parasite.

Ces résultats suggèrent une adaptation locale ou possiblement de la coévolution entre le parasite et son hôte, c’est-à-dire une course à l'armement entre les «attaques» du parasite et les «défenses» immunitaires de l'hôte. Ces travaux suggèrent que le parasite peut bel et bien modifier le comportement de son hôte en sécrétant des molécules, ce qui ouvre la porte à l’étude du contenu en protéine et en ARNm de ce sécrétome, étude en cours au laboratoire de la professeure Aubin-Horth.

Nous vous invitons à lire l’article paru à ce sujet.

Nous vous suggérons également de lire l'article sur ULaval nouvelles.